Epidémies : la viande cultivée peut-elle faire la différence ?

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De plus en plus de scientifiques relèvent que la consommation et la production de viande actuelle favorise l’émergence des zoonoses, ces maladies humaines d’origine animale. La viande cultivée peut-elle faire la différence ? Interview avec Maarten Bosch, CEO de Mosa Meat.

 

La crise du Coronavirus fait des ravages dans le monde entier. Non seulement elle rend les gens malades, mais elle ébranle aussi la société et l’économie. Comment pensez-vous que des entreprises innovantes comme Mosa Meat vont sortir de cette crise ?

Maarten Bosch : En premier lieu, nos pensées vont aux personnes les plus touchées. L’approvisionnement en nourriture a soudain pris une toute autre signification. Les employés des supermarchés sont devenus de nouveaux héros ; les restaurateurs recherchent de nouvelles formules pour aider leurs entreprises à survivre. Au sein de Mosa Meat, nous essayons nous-mêmes d’être créatifs dans la manière de rester productifs, tout en respectant bien sûr toutes les règles en vigueur. Et cela se passe plutôt bien pour l'instant, fort heureusement. Je pense que nous sortirons de cette crise avec encore plus de détermination pour produire une viande durable, sûre et respectueuse des animaux. Les gens réalisent une fois de plus l’importance de la nourriture et l’importance d’avoir des méthodes de production sûres.

 

Le Covid-19 est une zoonose, une maladie qui a été transmise de l’animal à l’homme. Le Covid-19 est aujourd’hui très médiatisé, mais selon l’Organisation mondiale de la santé, des millions de personnes dans le monde meurent chaque année de zoonoses, y compris à travers l’alimentation. La viande cultivée peut-elle faire la différence ?

Maarten Bosch : Oui, sans aucun doute. Le Covid-19 n’est pas la première zoonose et ce ne sera certainement pas la dernière. Le VIH, le SRAS, le MERS, la grippe porcine, la grippe aviaire et l’ESB (« maladie de la vache folle ») sont autant de zoonoses qui ont touché la population humaine suite à la consommation de viande et de protéines animales. L’utilisation massive d’antibiotiques dans les élevages d’animaux aura aussi pour effet d’augmenter les bactéries résistantes aux antibiotiques. Pour assurer notre propre santé à l’avenir, il est primordial de réduire drastiquement l’utilisation des animaux dans notre chaîne alimentaire. La viande cultivée devient dès lors d’autant plus pertinente.

 

Dès 2021, la viande cultivée pourrait être commercialisée et apparaître pour la première fois dans une assiette. Pensez-vous que cette échéance sera toujours possible malgré la crise du Coronavirus ?

Maarten Bosch : Nous sommes en contact avec plusieurs autorités de sécurité alimentaire, partout dans le monde, pour faire des comparaisons avec la viande traditionnelle et pour garantir que nos burgers de viande cultivée sont sûrs à 100 %. Ces derniers temps, nous avons fait des progrès scientifiques énormes en termes de qualité et de coût. Une fois que nous aurons un burger prêt à être vendu, nous dépendrons du délai des procédures d’approbation avant qu’il ne se retrouve dans une assiette. Ces délais varient d’une région à l’autre. En Europe, cela prend un an et demi, alors qu’à Singapour cela va de 3 à 6 mois. Malgré le défi devant lequel nous place la crise du Coronavirus, nous espérons bien entendu que ce délai sera le plus court possible.