En 2040, 60 % de la viande que nous mangerons sera cultivée ou végétale

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Dans 20 ans, la majeure partie de la viande que nous mangerons ne proviendra plus des animaux d’élevage. Elle sera composée d’alternatives éthiques et écologiques, conclut une étude du cabinet de conseil A.T. Kearney.

QUE MANGERA LA POPULATION MONDIALE D’ICI 2040 ?

Selon une nouvelle étude du cabinet de conseil A.T. Kearney, 60 % des viandes que nous consommerons dans 20 ans seront produites sans abattage. Le cabinet américain s’est entretenu avec de nombreux experts de l’industrie agroalimentaire. Leur conclusion : la viande cultivée va totalement bouleverser le monde de l’alimentation.

L’impact négatif de la production actuelle de viande ne fait plus aucun doute. En effet, de nombreuses études scientifiques dénoncent les effets de l’exploitation animale sur le dérèglement climatique, la disparition des espèces ou encore la pollution des rivières et océans. Or, avec l’augmentation de la population mondiale, la demande de viande augmente. L’Europe, les États-Unis et de plus en plus de pays en développement sont « mordus de viande ». Par conséquent, la pression sur les animaux, l’environnement et les matières premières ne cesse d’augmenter.

Des « alternatives » plus vraies que nature

Comment, dès lors, offrir une alternative efficace à la production de viande conventionnelle ? Les produits végétaliens et végétariens classiques ont, certes, trouvé leur place sur le marché, souligne l’étude, mais ils ne convainquent pas la majorité des consommateurs. La raison est simple : la viande animale reste perçue comme étant unique et savoureuse. Un sentiment que les alternatives traditionnelles ne parviennent pas encore à surmonter. Les substituts de viande à base d’insectes ont également une portée limitée. Mais la donne change complètement avec les viandes de nouvelle génération : les substituts de viande végétales et la viande cultivée.

Ces derniers mois, de nouveaux produits sont apparus dans les rayons : des sociétés comme Beyond Meat ou Impossible Foods ont, par exemple, réussi à développer des burgers aussi savoureux qu’un morceau de viande traditionnelle. À la seule différence qu’ils sont composés de protéines végétales. Dans les années à venir, les nouveaux produits végétaliens s’approcheront encore plus de la viande et leur part de marché augmentera. Mais dans cette course à l’innovation, la viande cultivée « finira par gagner à long terme », assurent les auteurs de l’enquête. Grâce notamment à une meilleure durée de vie, moins de réfrigération et un risque nul d’épidémie. Les experts estiment que ces techniques « alternatives » vont littéralement chambouler le secteur agroalimentaire sur l’ensemble de la planète.

Viande cultivée vs. viande d’abattoir

L’analyse d’A.T. Kearney tient compte de plusieurs facteurs. Par exemple, l’utilisation des terres pour la viande conventionnelle. Aujourd’hui, près de la moitié des récoltes mondiales sont utilisées pour l’alimentation animale. Dans l’élevage classique, la conversion des céréales en viande est extrêmement inefficace et ne représente qu’un rendement de 15 %. L’industrie de la viande n’est pratiquement plus en mesure d’augmenter cette efficacité.

A titre de comparaison, la viande cultivée nécessite beaucoup moins d’intrants et d’eau pour créer la même quantité de viande. Selon l’étude, il faut environ 1,5 kg de soja, de pois, de maïs et de betterave à sucre pour produire 1 kg de viande cultivée, soit un taux de conversion d’environ 70 %. Le rendement atteint 75 % avec les nouveaux substituts de viande végétale.

source : A.T. Kearney

Un autre aspect important, c’est que le développement de nouvelles viandes végétaliennes et de viandes cultivées peut être adapté aux souhaits des consommateurs. Par exemple, les graisses saturées peuvent être remplacées par des composants plus sains. Le potentiel final de la viande cultivée dépasserait à l’avenir celui des substituts de viande, simplement parce qu’elle aura toutes les caractéristiques de la viande conventionnelle.

Une ère nouvelle

A.T. Kearney prévoit que la consommation mondiale de viande augmentera de 3 % par an. Mais la quantité de viande conventionnelle diminuera d’année en année, à mesure que les substituts de haute technologie deviendront meilleurs et plus populaires. D’ici 2030, la viande cultivée et les nouvelles viandes végétales représenteront respectivement 10 % et 18 % de la consommation mondiale. En 2040, la consommation mondiale de viande cultivée passera à 35 %, tandis que celle des substituts végétaux atteindra 25 %.

Les résultats précis de cette étude font naturellement l’objet de discussions. Cependant, ils montrent que l’industrie alimentaire se prépare à une nouvelle ère. Une ère où les produits sans abattage auront conquis leur place sur le marché.