FAQ

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LA RÉPONSE À VOS QUESTIONS

La viande cultivée est-elle naturelle ?

Revenons d’abord sur la manière dont nous produisons la viande aujourd’hui. Sélection génétique, insémination artificielle, usage d’antibiotiques et d’hormones de croissance, enfermement de milliards d’animaux dans des cages ou des bâtiments sans accès à l’extérieur… Dans quelle mesure l’élevage peut-il encore être considéré comme “naturel” ?

La prolifération cellulaire nécessaire à la production de viande cultivée est un processus biologique tout à fait ordinaire. Elle est identique à celle qui se produit naturellement à l’intérieur de l’organisme vivant, à la seule différence qu’elle se déroule dans des cuves géantes (bioréacteurs) qui simulent les conditions in vivo.

Fait important : ce processus ne comprend pas de modifications génétiques.

Cela dit, il nous semble que le caractère naturel d’une chose importe peu en définitive. De nombreuses substances “naturelles” sont néfastes pour notre santé, comme l’arsenic, le mercure ou la toxine botulique (le plus puissant poison jamais découvert). En d’autres termes, le caractère naturel d’une chose ne nous dit absolument rien sur son innocuité, que ce soit sur le plan sanitaire ou environnemental.

La consommation de viande cultivée est-elle sans danger ?

La viande cultivée ne présente pas de risque particulier puisque, sur le plan moléculaire, elle est identique à la viande traditionnelle. Sa consommation s’avère même plus sûre car elle est produite dans un environnement stérile qui ne nécessite ni antibiotiques ni agents antifongiques.

Ne serait-il pas préférable de développer des alternatives végétales ?

La commercialisation croissante d’alternatives végétales est une très bonne chose pour les animaux et l’environnement, mais les sondages indiquent que la majorité des gens ne souhaite pas adopter un régime végétarien. Cela pourrait s’expliquer en partie par le fait que le goût et la texture des substituts végétaux ne sont toujours pas identiques à ceux de la viande traditionnelle.

La viande cultivée, indiscernable de la viande conventionnelle, pourra sans doute jouer un rôle notable dans la réduction de la souffrance animale et la préservation de l’environnement.

Quel goût la viande cultivée a-t-elle ?

Elle a tout simplement le goût de la viande puisque, sur le plan moléculaire, elle est indiscernable de la viande traditionnelle.

La production de viande cultivée est-elle respectueuse du bien-être animal ?

Pour produire de la viande cultivée, il faut prélever un échantillon de cellules chez un animal vivant. Toutefois, l’animal donneur ne souffre nullement de cette biopsie puisqu’elle est réalisée sous anesthésie locale.

Selon l’entreprise Mosa Meat, un seul échantillon de cellules peut produire en théorie jusqu’à 20 000 tonnes de viande, ce qui réduit grandement le nombre de biopsies nécessaires à une production de masse. Toujours selon Mosa Meat, seules 150 vaches suffiraient à satisfaire la demande de viande actuelle. Il serait donc aisé de garantir de très bonnes conditions de vie pour les animaux donneurs.

Que contient la solution nutritive nécessaire à la croissance des cellules ?

Le premier burger cultivée au monde, celui-là même que le biologiste néerlandais Mark Post a révélé au grand public en 2013, a nécessité l’utilisation d’une solution nutritive à base de sérum de veau fœtal (SVF) – un liquide sanguin issu des fœtus de vache. Parce que la production de SVF est clairement incompatible avec le respect du bien-être animal (en plus d’être hautement problématique sur le plan technique), les chercheurs œuvrent au développement de solutions nutritives sans sérum. Aujourd’hui, il ne fait plus aucun doute que la production de viande cultivée se passera complètement de SVF d’ici son entrée sur le marché.

Si la viande cultivée devient un produit de masse, à quels changements pouvons-nous nous attendre ?

La production de masse de viande cultivée entraînera immanquablement un recul de l’élevage industriel, lequel expose des milliards d’animaux à des souffrances intenses. Elle induira également une baisse du nombre d’animaux abattus pour la consommation.

Une analyse du cycle de vie publiée dans la revue Environmental Science and Technology affirme que, comparée à la production de viande fondée sur l’élevage, la production de viande cultivée permet une réduction de l’utilisation des terres de 99% ainsi qu’une diminution des émissions de gaz à effet de serre pouvant atteindre 96%.

Ainsi, la production de masse de viande cultivée permettra d’atténuer les effets du changement climatique et de libérer des surfaces aujourd’hui accaparées par l’élevage. Ces surfaces pourront être reboisées pour bénéficier aux écosystèmes et former des puits de carbone fort utiles à la lutte contre le réchauffement climatique.

La production de viande cultivée nécessite-elle l’utilisation d’antibiotiques ou d’agents antifongiques ?

Dans les élevages, l’usage routinier d’antibiotiques et d’agents antifongiques est nécessaire à la bonne santé des animaux confinés dans des bâtiments surpeuplés et non stériles (présence d’urine et de matière fécale, entre autres).

La production de viande cultivée, quant à elle, ne nécessite nullement l’emploi de telles substances puisqu’elle a lieu dans un environnement complètement stérile.

Les végétariens et les véganes consommeront-ils de la viande cultivée ?

De nombreux végétariens et véganes se sont détournés de la viande pour des raisons éthiques, mais ne sont pas contre la consommation de viande en soi. Comme la viande cultivée n’implique aucune cruauté envers les animaux, il n’est pas impossible que ces personnes envisagent d’en consommer.

Dans une interview accordée à GAIA, le philosophe et éthicien Peter Singer, qui est végétarien depuis 45 ans environ, déclare qu’il ne voit aucune objection morale à la consommation de viande cultivée et que lui-même en mangera occasionnellement.

L’agriculture cellulaire, c’est aussi la production de lait, d’œufs, de cuir… Les procédés de fabrication sont-ils les mêmes que pour la viande cultivée ?

Il s’agit de deux procédés et technologies différentes.

Pour obtenir des protéines de lait ou de blanc d’œufs, les entreprises cultivent des micro-organismes génétiquement modifiés (bactéries, levures et autres champignons) qui, par simple fermentation, fabriquent ces protéines. Après récolte et purification, ces dernières peuvent être mélangées à d’autres substances d’origine végétale, comme du sucre et du gras, pour obtenir un produit proche de celui d’origine animale.

La production de protéines par fermentation n’a rien de nouveau : elle est employé depuis plusieurs décennie dans la production industrielle d’enzymes (une classe de protéines) intervenant dans la fabrication de nombreux produits de consommation courante. Un des exemples les plus connus est la chymosine, une enzyme active présente dans la présure. Dans le passé, la présure utilisée dans la fabrication du fromage, était extraite de l’estomac de veaux abattus avant sevrage. Fort heureusement, depuis les années 1990, la chymosine peut être obtenue par culture en fermenteurs de champignons génétiquement modifiés. Aujourd’hui, 80% de la présure consommée dans le monde est produite ainsi. Autre exemple de protéine obtenue par fermentation : l’amylase, une enzyme couramment utilisée dans la fabrication de la bière et du pain. C’est aussi le cas pour la vitamine B12, souvent utilisée comme complément alimentaire par les végétariens et végétaliens.

Pour la viande cultivée (qui est en réalité identique à la viande d’animaux tués), la technique est différente : il n’y a ni besoin de fermentation ni d’organismes génétiquement modifiés.

À long terme, l'impact environnemental de la viande cultivée sera-t-il pire que celui de l'élevage pour le climat ?

Une étude publiée dans la revue Frontiers in sustainable food system (19 février 2019), réalisée par des chercheurs de l’Université d’Oxford, semble révéler qu’à long terme et pour une même quantité produite, l’impact climatique de la viande cultivée pourrait être encore plus important que celui de l’élevage bovin. En réalité, cette étude examine l’impact environnemental de la production de viande cultivée à travers différents scénarios où la viande traditionnelle serait peu à peu remplacée jusqu’à un horizon de 1.000 ans. L’étude conclut que, dans le pire des cas et sous certaines conditions, l’impact de la viande cultivée pourrait être pire pour le changement climatique que la production de viande conventionnelle.

Malheureusement, les conclusions de l’étude ont été simplifiées de façon trompeuse par certains médias.

Les chercheurs d’Oxford ont examiné divers scénarios de production. De tous les scénarios étudiés, un seul s’est avéré plus efficace pour la viande conventionnelle que pour la viande cultivée. À noter qu’il s’agit du pire des scénarios. Mais même dans ce cas, la viande cultivée s’avère meilleure pour l’environnement pendant 100 à 400 ans, selon le système de production conventionnel utilisé.

Toutefois, il y a des raisons logiques de penser que la viande cultivée sera meilleure pour la planète que la viande conventionnelle. Même dans le cas peu probable où la consommation d’énergie pour la production de viande cultivée ne serait pas inférieure à celle de la production de viande conventionnelle, la viande cultivée libèrera 99% des terres actuellement utilisées par les élevages. Nous pourrons alors les exploiter pour améliorer nos écosystèmes et former des puits de carbone indispensables dans la lutte contre le réchauffement climatique.